Comble de cela, j'ai moi-même posé cette question à de nombreux clients du restaurant de mes parents et je redoutais toujours la réponse suivante : "Monsieur, le vin est bouchonné!" ("pas de problème, le client est roi", je vais changer la bouteille mais entre nous, sacrebleu, qu'est ce que cela voulait dire un vin "bouchonné"???).
Par ailleurs, l'une des épreuve que je redoutais par dessus tout était le cérémonial de l'ouverture de la bouteille. Mon coeur a souffert de ces épreuves répétées et je ne trouvais grâce et repos qu'une fois le client servi (sans casses de bouchon et sans tâches artistiques effectuées).
Lors de chaque signe d'approbation ou de hochement de tête (valant pour acquiescement) qui sous-entendait "Oui, il est bon!", je prenais les clients pour des enfants de Bacchus. Ces derniers avaient sûrement reçu à leur naissance une clé USB contenant la science viticole et vinicole.
A force de partager les additions au restaurant et de devoir prostituer mon bras gauche sur Pigalle pour honorer les notes de tables, j'ai commencé à me rendre compte que le vin, aussi discret soit-il, contribue fortement à apporter une touche de gaieté et de plaisir à ses consommateurs.
Aujourd'hui encore, plus qu'une tradition de groupe ou un rituel, chaque bouteille ouverte me procure des émotions particulières. Ces sensations différentes et uniques, s'imprégnant au sein de ma mémoire, contribuent à forger ma modeste banque de données qui ne sera pas la cible d'un quelconque hacker-nerd-oenologeek.
Sur chaque vin dégusté et apprécié, je peux y apposer un souvenir, un instant sincère partagé avec mon entourage voire un échange enrichissant où se mêle parfois l'esprit de compétition dans l'exercice de la dégustation. Bien souvent, ces moments sont accompagnés de fous rires tirés comme des feux d'artifices. Chaque grain de sable écoulé durant la soirée permet d'éprouver une sensation de légèreté (attention, je ne suis JAMAIS ô grand JAMAIS bourré ^^) et du plaisir en toute simplicité. C'est de cette manière que je réalise, au quotidien, que les moments conviviaux autour d'un bon repas matché avec le vin adéquat n'ont pas de valeur.
En partant de ce constat et dans cet esprit de partage, j'ai commencé à réfléchir sur les raisons qui me poussaient à me lever tous les jours dans mon ancien job (responsable d'équipe pour une grande banque française aux étoiles filantes...).
Et je pense sincèrement que la transmission du plaisir à travers ses responsabilités professionnelles n'est pas une chose aisée dans le monde financier.
Quoi de plus beau que de vivre au quotidien d'une passion, quelconque soit-elle...
A force de questionnement, une réponse évidente m'est apparue : je désire partager mon approche et ma passion pour le vin dans un environnement proche de mes racines : la Chine.
Pour moi qui ait baigné dans 2 cultures et qui ne suis ni à proprement parlé "chinois" aux yeux des chinois, et encore moins "français" aux yeux des tricolores bleu-blanc-rouge, je crois que le terroir de mes racines ferait de moi un bon porte-greffe. Il est temps pour moi de chercher à créer un pont et un équilibre interne au sein de ces 2 forces qui sommeillent en moi et qui luttent perpétuellement. Cette harmonie, je l'ai trouvé au sein de mon projet :
- oeuvrer pour la culture française et son patrimoine à travers la qualité du fleuron que constitue le fruit de la vigne d'une part,
- oeuvrer pour le peuple chinois qui évolue et qui se doit de comprendre et améliorer la compréhension de son environnement et du vin notamment d'autre part.
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