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jeudi 21 octobre 2010

Polémique tarifaire sur les primeurs 2009...



Les professionnels, amateurs et consommateurs de vins ont tous eu vent des tarifs en primeur proposés sur le dernier millésime 2009, considéré comme peut être le meilleur élève de la décennie.
Beaucoup d'encre a coulé à la fois sur les sphères médiatiques d'internet (forums, blogs, sites...) et sur les magazines spécialisés.

En matière de propagande et de communication, tout ce bruit et cette révolte sont-ils justifiés?
Finalement, quelle est la proportion des particuliers en France qui a pu s'offrir déjà les excellents millésimes qu'ont été 2005 et 2002 voire 2000 (pour la région du bordelais au niveau des supers seconds et des premiers crus classés)? Sur une région où l'effet millésime est moins médiatisé comme la Bourgogne, qui se targue de pouvoir acheter régulièrement des vins estampillés DRC (Domaine de la Romanée Conti)?

Pour moi, la question principale serait plutôt : quel prix chaque individu est-il disposé à payer pour se procurer des émotions sensorielles intenses, uniques, grandioses...?

La notion de millésime est en soi déjà une indication de rareté. Elle délimite un espace temps issu d'une récolte bien déterminée à périodicité annuelle; récolte elle même variable et unique selon la notion de terroir.
Le prix à payer pour goûter certains trésors est certainement astronomique pour le commun des mortels.
On a beaucoup accusé le marché chinois et la montée des nouveaux riches multimillionnaires prêt à s'offrir les plus grandes étiquettes françaises concernant cette flambée des prix.
Peu importe la raison et où se trouve la vérité, les châteaux et les propriétés ont su tirer profit de cet engouement.

Peut-on reprocher, dans une économie globalisée, à une entreprise de démultiplier ses marges à partir du moment où la demande existe?
Comment justifier un prix sur un produit dont les standards de qualité et d'appréciation restent en partie subjectifs puisque lié au goût de chacun?
L'achat d'une grande bouteille est souvent conditionné avec la notion de plaisir et de goût, du moins "in fine". En effet, quel que soit le circuit et le lieu retenu, le vin est destiné à être bu par les Hommes. Les professionnels du vin et les amateurs éclairés ont un bagage théorique et technique qui permet de juger la qualité d'un vin selon des critères définis (complexité du bouquet, capacité de garde, longueur en bouche, équilibre et harmonie entre les différentes composantes...) mais l'acte d'achat est généralement lié à l'envie de se faire plaisir ou de faire plaisir aux autres (au restaurant, chez un caviste pour un dîner entre amis, en tant que cadeau...).


A quel prix peut on définir le plaisir personnel? Je n'en ai pas la réponse et pour ma part, je dois avouer que mon immersion dans le monde du vin m'a permit de déguster de somptueux vins qui font la renommée du vignoble français.
Certes, je le reconnais tous les jours, il y a de grandes chances pour que ces bouteilles légendaires et ces millésimes anthologiques si souvent cités dans les ouvrages spécialisés (eux-mêmes étant conditionnés à des packaging extrêmement haut de gamme) ne restent que des mythes et des contes de fées pour mon existence.
Je continuerai à caresser de loin l'idée de pouvoir imaginer ce que pourrait me procurer quelques gouttes de Romanée Conti, Pétrus, Yquem, Cheval Blanc et Ausone, Pingus, Sassicaia, Vega Sicilia...

Pour autant, suis-je choqué et perturbé au point de ne plus en trouver le sommeil? Est il normal de rêver devant des voitures de luxe italienne, allemande ou anglaise tout en se révoltant sur le prix élitiste de ces super cars à production limitée?

Je crois que la politique de prix à la hausse des propriétés sur le millésime 2009 n'est pas une mauvaise chose du moment qu'il y a toujours preneur.
J'y vois 2 avantages :
- cela ouvre des portes de marché à nombre de domaines proposant d'excellents vins avec un rapport qualité/prix indéniable, notamment les fameux crus bourgeois (Sociando Mallet, Les Ormes de Pez, Meyney, Chasse-Spleen, Poujeaux, Siran... pour une citation non exhaustive),
- les souvenirs et les sensations lors de dégustations de ces "Grands Vins" en sont décuplés et rendent ces moments uniques et gravés en soi.
Il est important de garder en tête qu'il existe un marché alternatif énorme qui justifie d'ailleurs le succès des "wine club" outre mer.

Comparer et étudier sans cesse les évolution de prix des vins entre différentes années revient au même que de comparer la flambée des prix de la baguette ou des céréales.
Pourtant, je ne vois pas les bonnes boulangeries désemplir, ni les français manquer de pain.
Je comprend la défense des intérêts des consommateurs mais je trouve que les médias prennent parfois un malin plaisir à s'acharner sur des bouc émissaires bien désignés.
Dans une logique d'économie de marché, y'a t-il une règle plus fondamentale que celle de l'offre et de la demande?

De plus, n'oublions pas qu'en France, nous avons la chance de pouvoir accéder à certains domaines prestigieux qui n'oublient pas la clientèle de particuliers et d'amateurs passionnés ou curieux. De plus, les manifestations et salons permettant de mettre à jour les seigneurs de la qualité font légions dans l'hexagone.

Je garde encore en mémoire les dégustations de la Grande Rue du domaine François Lamarche, Lafite Rothschild, Latour, Mouton Rothschild, Cos d'Estournel, Palmer...
C'est un élément de ma richesse intérieure et l'une des plus belles façons pour moi de m'évader quand j'en ai envie.

Un cadeau éternel qui n'a pas de prix à mes yeux.

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